Qu’elles soient inconscientes ou conscientisées, irrationnelles, liées à des traumatismes récents ou plus anciens, les angoisses font partie du fonctionnement humain. Comment les maîtriser, comment s’en libérer ?
Les angoisses sont un peu les fantômes qui traînent sous notre lit ou se tapissent dans nos placards. Latents, prêts à surgir de façon soudaine, lorsqu’un élément déclencheur (parfois inconnu de notre conscient) leur ouvre la porte. Ils prennent alors généralement le contrôle sur nos émotions, notre raison, nos décisions et même notre corps. Comment apprivoiser ces petits monstres pour qu’ils nous fichent la paix ? A défaut de disparaître définitivement, peut-être peuvent-ils mine de rien servir nos intérêts. 5 conseils pour y arriver !
1. Dépasser la peur de la peur
La peur est un état conscient relié à une situation déterminée : « J’ai peur des clowns ». Et moteur d’action : « Face à un clown, je prends mes jambes à mon cou ». A contrario, l’angoisse véhiculant souvent des traumatismes plus ou moins inconscients, cette « peur » se localise souvent dans des zones inaccessibles à notre raisonnement intellectuel, de ce fait hors de portée et donc de notre maîtrise, échappant à notre contrôle. Or lorsque l’on perd le contrôle de notre véhicule, on fonce droit vers l’accident, et cette sensation de perdre pied nous terrorise.
L’angoisse supplémentaire générée par l’angoisse-source, autrement dit la peur de la peur, peut mener jusqu’au blocage, la tétanie, la terreur, dans l’enfermement d’un cercle vicieux. On est « submergé » par l’angoisse. La première étape consiste donc à regarder la peur, l’angoisse en face : lorsqu’on cesse de l’imaginer pour simplement l’observer, le monstre sous le lit paraît bien moins terrifiant, et on reprend un peu de mobilité…
2. Accepter ses émotions
Les émotions quelles qu’elles soient (colère, tristesse, joie, peur…) sont autant de baromètres nous donnant de précieuses informations sur notre état intérieur. Le bébé ne s’exprime que par ses émotions pour signifier ses envies, sa joie ou ses frustrations, il extériorise ainsi totalement ce qu’il ressent puisque c’est son seul moyen de se faire comprendre, dans son langage à lui premier. La parole, l’intellect et le mental viendront par la suite enrichir et nuancer les ressentis de l’enfant et de l’adolescent (dont la « crise » remettra en jeu l’extériorisation des émotions) jusqu’à, dans la plupart des cas, contrôler parfois totalement l’état intérieur de l’adulte.
En effet, nous avons pendant longtemps été invités à réprimer nos émotions, à les contenir jusqu’à les oublier. C’est le fameux masque social. Depuis quelques années, la tendance préconise pourtant de les laisser sortir, les accepter et de ce fait les libérer, sans culpabilité aucune. Car oublier, nier ou réprimer ses émotions revient à les séquestrer, elles ne peuvent donc ni se rendre accessibles à la conscience, ni prendre sens.
Or les émotions sont la partie supérieure de l’iceberg, panneaux de signalisation qui nous renseignent sur nous-mêmes : les masquer empêche donc la possibilité de pouvoir comprendre quelque chose de soi qui se joue dans une situation donnée. Les laisser sortir, c’est les laisser se manifester et se rendre visibles. Et les regarder en face, c’est déjà les apprivoiser.
3. Apprivoiser les fantômes
Il existe des techniques pour faire ami-ami avec un fantôme. En évitant tout jugement et culpabilisation de soi : « J’ai des angoisses et des failles comme tout le monde, c’est le propre de l’humain et ça fait partie de mon charme ». A condition bien sûr de ne pas se laisser envahir par elles : les monstres doivent rester au tapis, dans le panier ou le placard, c’est vous qui restez maître des lieux. Il peut être judicieux de se faire accompagner par un thérapeute : psychologue, psychiatre, art-thérapeute, sophrologue…
Et mettre certaines activités-rituels en place : cours de yoga, mantras, activité physique pour se libérer la tête. Car les angoisses vont justement souvent de pair avec des rituels « para-angoisses » (pouvant aller jusqu’aux tocs). On joue donc là-dessus et on met en place des petits rendez-vous « bien-être » ou de soins, ce qui est déjà une manière de commencer à (re)prendre le gouvernail. Certaines plantes sont également des apaisants naturels : la Passiflore, la Valériane. En tisane le soir accompagnée d’un bon livre. Pratiquer la méditation remet un peu de silence et d’ordre dans son désordre et son chaos intérieur. Et en cas de crise, il existe des petits remèdes d’ « urgence » tels que « Rescue » en Fleurs de Bach, à prendre en chewing-gums, gommes à sucer, tisanes ou spray. Y croire (effet placebo) c’est déjà décider que ça fonctionne, et une attitude intérieure positive éloigne également les fantômes…
4. Les laisser partir
Une fois qu’on a identifié leur origine, ceux-ci ont déjà moins besoin de cogner à la porte pour se faire entendre. Leur rôle est également parfois de vous inviter à une remise en question, un changement de vie judicieux. « J’arrête de regarder des films d’horreur et les journaux télévisés comportant leur lot de catastrophes », « Je m’éloigne des réseaux sociaux aliénants », « Je me reconnecte à la nature et je me remets au sport », « Je nourris ma créativité ».
Ces trois dernières résolutions sont importantes : vous connecter à la nature vous reconnecte à vous-même, vous fait (re)prendre racine. La nature est un apaisant naturel, a contrario l’air pollué de nos villes, la Wifi et autres ondes nous déconnectent et peuvent nous faire passer de très mauvaises nuits. On dit que faire un câlin à un arbre équivaut à une méditation. Et que le ronronnement des chats procure également les ondes bienfaitrices et curatives d’un état méditatif. Pensez à la « ronron-thérapie » ! Les animaux, à l’instar de nos peluches ou doudous quand nous étions petits, nous aident à aller mieux, telle que la thérapie par les chevaux ou le yoga des abeilles !
L’activité sportive quant à elle nous aide également à nous réenraciner, dans la mesure où elle nous connecte à notre corps directement, et nous aide à produire des endorphines, les hormones du plaisir. C’est aussi le cas dans la danse-thérapie qui, comme l’art-thérapie, remet en matière et en vie vos ressources créatives.
5. Rester zen
Ils reviendront ces fantômes, tôt ou tard, car ils auront toujours des choses à vous dire, et vous des choses à apprendre sur vous-même. Il est bon de les accueillir, de dialoguer avec ses angoisses en posant des mots sur les maux, et de se dire qu’elles partiront comme elles sont venues. Il suffit juste de les laisser « traverser », et de se focaliser sur des choses concrètes et tangibles pour contrebalancer l’irrationnel de ses peurs : un bon livre, un échange verbal, une séance de danse, un atelier d’aquarelle, une ballade en forêt. Sans les mettre de côté (ce qui équivaudrait à vouloir les camoufler), mais juste en leur donnant moins de place, leur juste place, et moins d’espace, puisque votre espace sera occupé autrement par des activités qui vous font du bien et vous remettent les pieds sur terre. Face à l’immobilisme et l’inertie véhiculés par l’état d’anxiété, l’action est un puissant moteur anti-angoisse.
En écoutant, dialoguant, comprenant et acceptant ses angoisses, on apprend à les maîtriser et donc à les libérer. Panneaux indicateurs de notre état intérieur, on les observe avec attention mais détachement, dans la mesure du possible, un exercice qui se forge petit à petit. A l’aide de stratégies, on les regarde avec bienveillance, comme on accueillerait d’un point de vue extérieur celles d’un enfant. Pour vous c’est un petit chagrin, pour lui c’est un drame, ayez donc sur vous-même également le juste recul, afin de relativiser votre peur, de vous prendre par la main et « en main ». Afin que les angoisses soient comme des nuages gris ou des orages qui passent : traversant l’atmosphère un instant, puis disparaissant, laissant réapparaitre le bleu du ciel.